Plutôt que d’écrire et de tourner un scénario prédéfini, j’ai travaillé sur d’anciens rushes sans rapport apparent. En partant de ces rushes et des indices qu’ils contiennent, j’ai rédigé un texte qui fait le lien entre les plans et compose la narration. C’est une vidéo qui se veut à la fois une exploration des mécanismes de l’imagination au moment de la création et un espace pour l’imagination du spectateur.

Dans la structure, j’ai ainsi ménagé des espaces : distance entre la voix off et l’image, distance entre les sous-titres et l’image, entre le narrateur et l’histoire elle-même. Le film n’avance pas non plus de manière linéaire, il est un retour constant sur ce qui s’est passé. Je pense que ce mouvement de retour est une des caractéristiques de l’imagination. L’esprit puise dans les images enregistrées pour en créer de nouvelles. Il y a un saut du présent dans le passé, qui s’appuie sur l’expérience personnelle de chacun, pour produire des images originales et inattendues.

Ce saut du présent vers le passé, ce retour permanent introduit un autre concept central dans le film : celui de répétition. C’est cette répétition qui permet au spectateur de déceler les indices semés tout au long du court-métrage et c’est aussi cette répétition qui donne le rythme.